Des intuitions pédagogiques remarquables

Des intuitions pédagogiques remarquables

Ses intuitions pédagogiques, remarquables pour l’époque et le milieu auquel elle s’adressait, s’ordonnent autour de trois idées :

  • Enseigner la foi et la greffer dans les âmes.
  • Éduquer sans contrainte, par l’ exemple et dans la charité.
  • Instruire et donner en même temps un art de vivre.

ENSEIGNER LA FOI

L’esprit de foi anime la Sainte-Famille. Les écrits spirituels, la correspondance, les œuvres de Mère Marie-Joseph expriment d’abord l’amour dans sa plénitude.

Mais aimer, c’est donner et servir. Il s’agit de servir Dieu dans la personne des enfants et de jeter la graine de la foi en bon serviteur, dans la peine ou dans la joie qui est la marque d’une Présence. Dieu, qui connaît les âmes, la fera germer à son gré. Car la moisson ne nous appartient pas.

N’essayez point d’agiter vos ailes comme des aigles pour monter bien haut, contentez vous de voler paisiblement comme des tourterelles.

Cette éducation de la foi donnée à des âmes simples vise à mettre le sacré dans le quotidien de la vie, non à cultiver le mystère ou l’héroïsme. Elle ne portera des fruits que par l’exemple. Dans tous les écrits de Mère Marie-Joseph, on trouve la même règle de conduite : il faut s’enrichir dans l’amour et la pauvreté pour mériter que l’on nous suive.

ÉDUQUER

D’abord connaître et comprendre. Chaque enfant est un univers dont il faut explorer le caractère, la maturité, les dispositions.

Ne vous irritez pas, ne raillez jamais. Toute blessure, en effet, sème l’inquiétude et le trouble. On casse au lieu de former.

Pour cela une seule règle: se donner tout entier à chacun. Le groupe sera une collection de personnalités reconnues et l’unité viendra du but que l’on se propose : permettre à une nature en friche de s’épanouir et de découvrir les vraies richesses.

Les moyens de l’éducation passent par la charité qui donne et pardonne, par la douceur qui gagne les âmes, la patience situant les progrès ou les chutes dans la perspective du temps. La mère insiste beaucoup sur les vertus de calme et de paix.

On n’éduque pas d’une seule coulée. Les enfants passent par des intermittences de l’esprit et du cœur. Il faut donc varier les moyens, toujours remettre sur le métier les méthodes et les règles.

L’autorité est nécessaire, mais elle sera douce, compréhensive. Faut-il punir ? On le fera avec peine et sagesse, comme un devoir, en expliquant sans jamais trahir une amertume personnelle.

INSTRUIRE

Il faut tenir compte du milieu et de l’époque. Les enfants, les adolescentes pauvres qui gagnent l’école ou le pensionnat ne savent pour la plupart ni lire ni écrire. De plus, elles ne sont pas promises à de brillantes destinées, mais au soin d’un ménage et au bonheur d’une famille.

Quant aux maîtresses, elle devront éviter l’écueil de l’abus de science. Préparant avec soin leurs leçons, elles les exprimeront dans un langage simple et accessible à toutes.

Leur instruction sera donc claire, précise, peu étendue et toujours à leur portée: écriture, lecture, un rudiment de grammaire et d’arithmétique, un souffle de géographie, surtout locale, pour montrer les merveilles du Créateur. Mais en même temps, l’apprentissage des responsabilités féminines.

Cette éducation a un devenir. Elle prépare au monde. Les moyens, les méthodes tendent tous à la formation d’une personnalité ferme dans la foi et devant la vie selon l’esprit de la Sainte Famille.